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Porc La filière se voit deux avenirs

La Fédération nationale porcine (FNP) veut faire avancer la filière sur deux jambes : « un volet compétitivité et un volet montée en gamme », a rappelé Paul Auffray, son président, lors de l’assemblée générale le 22 juin à Lille (Nord). « Il faut être capable d’aller sur tous les marchés », en s’appuyant sur un socle porté par Le Porc français, « tout en gardant la maîtrise sur notre façon de produire ».

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Ce sont les bâtiments modernes de l’Hôtel de Région des Hauts-de-France qui ont accueilli la Fédération nationale porcine (FNP) pour son assemblée générale, les 21 et 22 juin à Lille (Nord). Jean-Michel Serres, ancien président de la section spécialisée de la FNSEA et désormais conseiller régional (LR) des Hauts-de-France, y a reçu les congressistes.

Dans un contexte post-États-généraux de l’alimentation (EGA), après l’élaboration de son plan de filière (adopté en décembre dernier), il a été question de projets collectifs pour redynamiser la filière porcine. En préambule d’une table-ronde sur ce sujet, Mickaël Guilloux, secrétaire général de la FNP, a dressé l’état des lieux de la filière française, de son « déclin depuis 15 ans, avec un recul de la production de 10 %. Pourtant, la filière est organisée, avec ses groupements de producteurs, ses interprofessions régionales et nationale. Mais pour faire quoi ? »

« Réfléchir collectivement au sein de l’interprofession »

Deux défis se posent : le renouvellement des générations et l’attractivité du métier ; et la compétitivité des différents maillons de la filière, à améliorer tout en montant en gamme. Mais « la segmentation de demain doit se réfléchir collectivement, au sein de l’interprofession », exhorte-t-il, évoquant « le cruel exemple » du porc sans antibiotiques. « Et si la qualité technologique de la viande de porc ne convient plus aux industriels, il faut qu’ils nous le disent », ajoute-t-il.

Claire Chambolle, économiste à l’Inra, a encouragé les producteurs à se regrouper pour peser plus lourd. Michel Adam, secrétaire général de Prestor (qui vient de fusionner avec Aveltis pour former Evel’Up), a mis en avant les avantages à « se regrouper pour être plus forts et vendre plus cher ». Et Jacques Mourier, responsable des achats de matières premières chez Herta, a présenté son système Swap de prix pivot contractualisé pour sécuriser et donner de la visibilité aux éleveurs.

À l’inverse, le député Frédéric Descrozailles (LREM) a averti que « les attentes sociétales ne sont pas compatibles avec d’énormes metteurs sur le marché », et encouragé à créer une segmentation par les marques.

Paul Auffray avec les intervenants de la table-ronde (de gauche à droite : Claire Chambolle, Michel Adam, Frédéric Descrozailles, Jacques Mourier). © E. Casalegno/GFA

« La FNP est très attachée au plan de filière, avec deux volets : un volet compétitivité et un volet montée en gamme, a rappelé Paul Auffray, président de la FNP. Il faut être capable d’aller sur tous les marchés », en s’appuyant sur un socle porté par Le Porc français, « tout en gardant la maîtrise sur notre façon de produire ». Il a fait part de ses préoccupations : « Nous sommes inquiets de l’analyse qui est faite dans les couloirs du ministère, et du sentiment de repli sur soi qui règne […] », regrettant que le Cabinet soit focalisé sur les demandes sociétales et le bien-être animal. Or, « il est toujours difficile de parler du bien-être animal, sans se soucier du bien-être de l’éleveur… »

« Les EGA sont un acte fort du président de la République, qui doit se traduire par des éléments notables en faveur des producteurs. Les EGA avaient deux objectifs : réponde aux attentes des consommateurs ET des producteurs. Or, il y a beaucoup d’attentes, beaucoup d’exigences vis-à-vis des producteurs, mais peu d’engagements. »

« Nous serons vigilants pour continuer à peser »

Son discours de clôture, reflétait son inquiétude. « La situation financière des éleveurs de porcs reste fragile, a-t-il souligné. Face à un contexte économique impitoyable et à une montée en puissance des demandes sociétales, nous devons retrouver les vertus du collectif. » Les EGA sont une « belle opportunité », « un accélérateur de solutions ». Mais « après des mois de travail », il reste circonspect. « Nous serons vigilants pour continuer à peser dans les discussions pour faire aboutir certains sujets », comme l’encadrement des pratiques commerciales, le droit de la concurrence, la contractualisation, la compétitivité, l’exportation et l’installation…

E.C.

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